Cours IPA PSM: Délires chroniques non schizophréniques

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Cours IPA PSM: Délires chroniques non schizophréniques

Généralités:

 Les délires chroniques non schizophréniques sont des affections psychiatriques caractérisées par :

  • Leur caractère non dissociatif 
  • Leur caractère permanent
  • Leur caractère relativement systématisé 
  • L’absence d’évolution vers des formes « déficitaires », mais ce caractère n’est pas absolu
  • Leur apparition tardive après 30 ans.

 À l’étranger, toutes ces psychoses sont classées dans la schizophrénie, sauf quelques délires paranoïaques systématisés.

 Le DSM-5 reconnaît le Trouble délirant  qui comprend : les délires érotomaniaque, grandiose, hypocondriaque, de jalousie, de persécution.

  En France, on continue à distinguer, selon la prédominance d’un mécanisme délirant, les délires chroniques suivants :

  • Les délires paranoïaques (à mécanisme essentiellement interprétatif) 
  • Les psychoses hallucinatoires chroniques (à mécanisme essentiellement hallucinatoire : hallucinations surtout auditives) 
  • Les paraphrénies (à mécanisme essentiellement imaginatif)

 Certains événements peuvent avoir un rôle déclenchant : séparation, divorce, retraite, deuil, ménopause, traumatisme physique ; mais ils ne doivent pas faire oublier l’existence d’un état antérieur.

 Par ailleurs, certains délires chroniques peuvent être inauguraux de syndromes démentiels ou d’affections intracrâniennes ou compliquer un alcoolisme chronique ou une épilepsie ancienne.

Les délires paranoïaques:

 Les délires paranoïaques d’interprétation ou « folies raisonnantes » ont été particulièrement étudiés par P. Sérieux et J. Capgras (1909). Ils touchent plus souvent l’homme que la femme.

 Étiopathogénie:

 Ces délires se développent le plus souvent sur une personnalité de type paranoïaque faite de :

  • Méfiance, réticence et rancune 
  • Psychorigidité  et autoritarisme 
  • Hypertrophie du moi, égocentrisme et intolérance 
  • Fausseté du jugement sous l’emprise de ses affects

Les psychanalystes font intervenir des mécanismes de projection des conflits inconscients, en particulier contre les pulsions homosexuelles.

 Diagnostic

 A) Délires d’interprétation:

 De début généralement progressif, il s’agit de délires :

  • Systématisés, organisés et construits de façon claire et cohérente 
  • Logiques, plausibles, partant de faits réels, et qui peuvent entraîner l’adhésion de l’entourage (« délire à deux » ou à plusieurs) 
  • A mécanisme essentiellement interprétatif : il peut s’agir d’un raisonnement faux concernant un fait réel, ou d’un raisonnement juste mais concernant une idée (ou postulat) de base erronée (idée prévalente) et tout événement a tendance à être interprété par le patient comme le concernant (idée de référence) 
  • Où les hallucinations sont rares mais les intuitions délirantes fréquentes 
  • Chroniques vécus en pleine lucidité 
  • thèmes essentiellement persécutifs, plus rarement de grandeur 
  • Où la conviction est totale.

  B) Délire de relation des sensitifs:

Début, l’examen clinique peut même paraître normal, la réticence et la dissimulation masquant entièrement le délire.

 C) Délires passionnels:

1. Les délires érotomaniaques, dans lesquels le patient (le plus souvent une femme) a l’« illusion délirante d’être aimé » (G. G. de Clérembault, 1921) par une personne d’un rang social plus élevé que le sien (un homme politique, un artiste célèbre, son propre médecin).

 2. Les délires de revendication, dans lesquels le sujet estime être victime d’une injustice dont il veut obtenir réparation. On décrit classiquement :

  • Les procéduriers, infatigables plaideurs de litiges souvent véniels, toujours injustement jugés, vengeurs et agressifs.
  • Les inventeurs méconnus s’estimant dépossédés de leur invention géniale, et qui, spoliés, cherchent désespérément une vaine réparation.
  • Les idéalistes passionnés énoncent des systèmes politiques, philosophiques ou religieux ; parfois, ils peuvent assassiner un personnage politique.

3. Les délires de jalousie, qui apparaissent le plus souvent sans « vraie raison », parfois à l’occasion de faits plausibles : tout détail devient alors une preuve de l’infidélité de l’autre. Ces délires sont surtout fréquents chez les alcooliques.

 3. Évolution:

Le processus est extensif en « réseau » et toute donnée fournie par les sens reçoit une interprétation. L’évolution est souvent émaillée d’épisodes féconds et de phases dépressives.

 4. Pronostic:

Le pronostic est souvent mauvais.

 5. Complications:

Outre l’autoagressivité (suicide ou tentative de suicide), c’est surtout la dangerosité vis-à-vis d’autrui qui est à redouter, surtout si le persécuteur est désigné (le médecin en cas d’hypocondrie délirante).

 6. Traitement:

  • Hospitalisation
  • Traitement médicamenteux
  • Traitement psychothérapeutique
  • Actions infirmières et/ou éducatives

Psychose hallucinatoire chronique:

 1. Définition:

Cette psychose que l’on appelait autrefois « folie sensorielle », se développe le plus souvent en dehors de toute prédisposition de personnalité.

 2. Sémiologie:

  • L’automatisme mental y est constant et s’exprime cliniquement par des voix entendues par le patient : hallucinations auditives mais aussi hallucinations psychiques, reçues comme des voix intérieures, comme des transmissions de pensée. Ces voix, généralement menaçantes, servent de canal un syndrome de persécutions, d’influence et de possession qui constitue les thèmes essentiels du délire. La systématisation du délire est assez pauvre.
  • Peuvent apparaître des hallucinations cénesthésiques et tactiles avec sensation renvoyée à distance de transformation corporelle touchant en particulier la sphère génitale (sensation d’orgasme, d’attouchement, de coït imposé).
  • Les hallucinations olfactives et gustatives, plus rares, peuvent également être présentes. Le patient sent des odeurs de gaz ou encore perçoit un goût étrange dans les aliments qu’il ingère.
  • Enfin, peuvent se manifester des hallucinations visuelles laissant apparaître des images sur les murs de son logement.

 3. Évolution:

L’évolution, sous traitement, est particulièrement bonne et fait apparaître rapidement une diminution très nette de l’activité délirante.

4. Traitement:

  • Hospitalisation
  • Traitement médicamenteux
  • Traitement psychothérapeutique

5. Actions infirmières et/ou éducatives:

Paraphrénie

1. Définition:

La paraphrénie est une maladie, plutôt rare, apparaissant chez l’adulte au-delà de 35 ans, caractérisée par un délire essentiellement imaginatif. Le patient reste bien adapté à la réalité sociale, conservant pendant longtemps une bonne adaptation sociale, en dehors des épisodes délirants.

2. Sémiologie:

Le délire a tendance à être caché par le patient. Souvent, seul l’un de ses proches est au courant de la richesse de l’activité délirante.

Les thèmes sont:

  •  Fantastiques et mégalomaniaques
  • Erotiques
  • Les troubles du comportement
  • Sur le plan psychomoteur

On distingue 2 formes cliniques : la paraphrénie confabulante et la paraphrénie fantastique ; la première est un délire imaginatif (F. Dupré), et la seconde réalise une production à la dimension de l’univers.

3. Évolution:

4. Traitement:

Bibliographie

     Brazo, P. (2019). 20. Troubles délirants non schizophréniques. In Les schizophrénies (p. 135‑139). Lavoisier. https://www.cairn.info/les-schizophrenies–9782257207395-p-135.htm

     Fonfrede, P. (2013). Délires chroniques non schizophréniques.

     Godfryd, M. (2014). Les délires chroniques non schizophréniques: Vol. 8e éd. (p. 100‑107). Presses Universitaires de France. https://www.cairn.info/les-maladies-mentales-de-l-adulte–9782130632887-p-100.htm

     Pagès, V. (2017). 10. Les psychoses non schizophréniques. In Handicaps et psychopathologies: Vol. 3ème éd. (p. 97‑105). Dunod. https://doi.org/10.3917/dunod.pages.2017.01.0097

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